ÉDITO
projet

Toute notre vie est prise dans une suite d’événements perpétuels. Les médias et la publicité nous construisent un monde merveilleux fait d’événements, de construction d'inédit et d'inouï, et c'est toute notre temporalité, et avec elle ce qu'elle porte de sensible et de subjectif, qui est formatée par l’événementiel. Le circonstanciel est devenu un concept marketing, comme une carrosserie, un vêtement. On « package » une portion d'espace et de temps : c'est tout un dispositif médiatique qui fait saillir des climax perpétuels nous tenant dans une intersubjectivité et une éternité commune. Un terrorisme de l'inouï où la circonstance se résume à une intensité (construite).
Le numéro 2 de L'Autre musique vous propose de réfléchir, et pourquoi pas de trouver des échappatoires, en donnant la parole aux artistes sonores toujours prêts à lutter contre les versions prêt-à-porter des circonstances qui font notre vie quotidienne.

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Chères lectrices et chers lecteurs,
c’est avec un très grand plaisir que nous vous proposons ce numéro 2 de la revue en ligne L’Autre musique.

Nous avons pris en compte les nombreuses remarques qui nous ont été faites lors de notre premier numéro et nous avons réfléchi à une nouvelle organisation de la revue permettant plusieurs parcours de lecture. Nous ne cherchons pas ici à combler les hypothétiques attentes de telle ou telle cible, laborieusement définie à grands coups de clichés par ce qu’on appelle pompeusement une « étude de marché ». Aucun journaliste ou ex-éditeur n’a pris part à cette expérience, ce pourquoi la forme que nous vous proposons – une revue en ligne liant intimement création et recherche – est sujette à évolutions, d’autant qu’il n’existe pas encore de canon qui fasse autorité en la matière.

Si nous ne voulons pas renoncer à un contenu scientifique de qualité, nous voulons aussi que notre démarche soit accessible au plus grand nombre. Dans l’esprit de décloisonnement qui nous conduit, nous ne pouvons pas envisager L’Autre musique seulement pour quelques initiés et spécialistes. Il nous paraît important au contraire de diffuser le plus largement possible le savoir, et la pensée se faisant. Et c’est bien de « pensées » dont il s’agit dans ce numéro, de pensées qui, à la manière de la bande dessinée, se sont matérialisées en « bulles ».

En effet, nous avons souhaité que les démarches artistiques et les questions théoriques qui nous paraissent décrire un même mouvement, mais qui n'empêchent pas les mouvements contradictoires, les heurts et les glissements inévitables à la réflexion, soient regroupées dans une même bulle de pensée. C’est pourquoi chaque dossier organisant ce numéro se termine en « bule ».

Le préambule, que vous avez devant les yeux et qui explique comment cette mécanique s’articule, est suivi de la section démantibule. Celle-ci propose de décortiquer, de démonter comme un vieux jouet les pièces et les rouages de la problématique du numéro. Nous pouvons alors commencer une première promenade au cœur des interrogations posées par la problématique de cette revue, les pratiques artistiques circonstancielles, dans le dossier déambule. Puis, la partie funambule, avec le tact qui s’impose, s'intéresse à toutes les pratiques et les pensées borderline, qui mettent des limites et apportent des dépassements aux problèmes soulevés. Ensuite, le conciliabule suggère une conclusion ouverte et critique des questions traversées dans ce numéro. Puis, les limites dépassées, nous ouvrons la section affabule, pour s’approprier la problématique de façon très libre, en proposant des textes qui font eux-mêmes œuvre.

Entre ces dossiers sont intercalées des fibules, des pleines pages d’images, d’autres bulles et des textes qui éclairent d’un œil nouveau, souvent avec humour, les questions qui traversent les différents dossiers. Ces agrafes sont aussi des respirations pour l’esprit, des histoires pour savoir où on en est et où on va. Enfin, dans quelle direction.

Car ce numéro, comme le projet L’Autre musique ne serait rien sans les œuvres que nous cherchons aussi à partager avec le plus grand nombre, et les esquisses, les ratures et les ébauches qui sont exposées dans notre atelier : le laboratoire L’Autre musique, complémentaire à notre revue.

Bref, vous comprendrez assez vite que ces dossiers sont à l’image de nos pratiques : ouverts, ils ne sont que des cristallisations temporaires de parcours possible, ils ont la fragilité et la légèreté des bulles, et peuvent éclater à chaque instant. Puis, toujours pour vous aidez à parcourir la revue dans les meilleures conditions nous avons aussi associé des symboles aux contenus des propositions des auteurs :

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