EXTENDED SCORE #2
vidéo
@ LE CUBE, 16-11-2018

Avec Méryll Ampe, Emmanuelle Bouyer, Matthieu Crimersmois, Frédéric Mathevet, Anton Mobin, Mathias Poisson, Colin Roche, Hélène Singer... and more beats ! Compte-rendu d'une soirée riche et hors-norme qui réserva bien des surprises auditives… mais pas seulement : musiques expérimentales, bricolages décontractés, os chantant, écran magique scratché, ectoplasmes, promenades sonores, pulsation cardiaque transcrite…

Meryll Ampe

Dans son travail sonore, Méryll Ampe établit des liens entre sa pratique musicale et plastique. Elle puise dans des techniques directement liées à la sculpture : tailler dans la masse, modeler, sculpter. Des éléments acoustiques captés dans son quotidien et des sources sonores récoltées, enregistrées, sont travaillées de manière empirique, en ajoutant des « outils sonores » : électroniques, analogiques, cassette et batterie…Ce processus interroge la matière qui travaille souterrainement et en relief. Avec un intérêt permanent pour les volumes, les masses, la rugosité, la porosité, la taille directe, le brut, les ponctuations, les limites, l’artiste renvoie à la « chair » du son.

Après une formation de sculpture à l’Ecole Boulle, Méryll Ampe développe durant son cursus aux Beaux-Arts de Paris Cergy (DNSEP) un travail de création plastique et sonore. Pendant ses études, elle a pu travailler et assister principalement les artistes sonores comme Octavio Lopez et Robin Meier à Paris, et Manuel Rocha Irturbide à Mexico. Elle réalise des performances sonores à l’invitation de lieux ou de festivals comme, Bruit Blanc, E-Fest, Les Instants Chavirés, Le Non Jazz, (h)ear, le Mac/Val, le Palais de Tokyo et les Centre Pompidou-Paris et Metz, Présences Electroniques, LUFF. Son travail évolue à travers différents médiums auprès d’artistes, de musiciens, de chorégraphes et de vidéastes, tels le collectif COAX, le duo Konpyuta, Yvan Etienne, le collectif Supernova, Christian Rizzo, Mélanie Perrier, Fernando Vilchez, Davor Sanvincenti, Elsa Brès, Gwenola Wagon et Stéphane Dégoutin.
http://meryllampe.com/

 

Matthieu Crimersmois, Etch-a-Scratch

Outil d’analyse graphique de la gestuelle et instrument de dessin et de performance sonore (concert dessiné), Etch-a-Scratch est un moyen de représenter un dessin abstrait ou figuratif accompagné de sons mixés et scratchés en temps réel aux platines vinyle. Matthieu Crimersmois a créé cet instrument (inspiré du célèbre jeu du Télécran – en anglais Etch-a-Sketch) pour réaliser des performances scéniques au cours desquelles il dessine une (des) oeuvre(s), qui peuvent ensuite être tirées sur dibond à la manière d’une photographie ou d’un tableau. L’artiste engage ainsi une vaste réflexion pratique, à la fois hypnotique et intrigante, sur les rapports image/son, sens/non sens, forme figurative/forme abstraite.

Matthieu Crimersmois est né à Paris, a grandi à Boissy-Saint-Léger dans le département du Val de Marne. Coincé dans cette petite ville de banlieue mélangeant zone pavillonnaire, quartier sensible et campagne, il commence à l’âge de 9 ans à dessiner dans sa chambre pour faire passer le temps. Vers l’âge de 11 ans, en traînant dehors avec ses complices, Matthieu découvre la musique hip hop. Il est passionné par la sonorité des scratch et des mixages de DJ CutKiller ou encore DJ Abdel. Les platines représentent pour lui la possibilité de diffuser le quotidien des jeunes de banlieue, pris entre bagarres, contrôles de police, échec scolaire, fumette et conneries de gosses. Dès l’âge de 17 ans, il exerce le scratch et le mixage et apprend les techniques par vidéo sur bande VHS avec AKDMIX. Orienté dans le commerce au collège par une conseillère peu rigoureuse, il décide de stopper cette voie après son bac pour entrer à l’École des Beaux-Arts de Nantes. Il développe son propre outil artistique mélangeant art plastique et art sonore.
http://matthieucrimersmois.wixsite.com/mattcrime

 

Frédéric Mathevet et Hélène Singer (voix), Cut to the bones (Sketch mix) pour deux synthétiseurs, voix et os

Cut to the bones est une partition spécifique prolongeant les objets spécifiques de Donald Judd. Ni tout à fait une partition traditionnelle, ni tout à fait une installation à activer, ni vraiment une performance. Un moment de rencontre, une panique sémiotique salvatrice partagée : le déchiffrage perpétuel d’une épiphanie perpétuelle.

« Rien n’est écrit dans le marbre ! » : tel est le leitmotiv qui parcourt le travail artistique de Frédéric Mathevet. Dessins, matières sonores et signes se chahutent dans l’atelier. L’œuvre, qui ne peut alors être que nomade, devient un espace centrifuge de métamorphoses, de confrontations et de contaminations. Couture, métissage et rhapsodie sont les gestes poétiques privilégiés de ce méta-atelier auscultant notre « grand cluster vivant ».
https://www.fredericmathevet.com

Hélène Singer est artiste pluridisciplinaire, docteur en art et enseignante aux Beaux-arts de Versailles et à l’Université Paris 8. Elle contribue à des livres et revues esthétiques ; elle a publié en 2011 Expressions du corps interne. La voix, la performance et le chant plastique (L’Harmattan) et a dirigé en 2016 la revue Ligeia « Art et animalité ». Douée d’une formation en chant lyrique, elle produit en solo des performances vocales et collabore régulièrement avec des compositeurs électro ou acousmaticiens.
www.helenesinger.net

 

Anton Mobin

« On est toujours dans des microcosmes avec Anton Mobin, des petites choses qui deviennent audibles, des manipulations qui finissent par créer une sorte de trou noir autour duquel tout un monde sonore s’organise et par lequel tout sera aspiré. » (Darby Mullins)

Musicien improvisateur et luthier expérimental, Anton Mobin, développe ses propres instruments électro-acoustiques depuis 2008. dont le nom générique est « chambre préparée ». La troisième version a été récompensé lors du Hugh Davies Project Residency. Anton développe un large réseau à l’international et a su fédérer autour de sa pratique aussi bien les pionniers de la musique improvisée en Angleterre, avec qui il travaille régulièrement (comme Steve Beresford, Neil Metcalfe, Charlie Collins, Adam Bohman ou encore le London Improvisers Orchestra…) comme la jeune génération rageuse de la scène « New and Improvised Music » à Londres (avec à sa tête Benedict Taylor, Colin Webster, Tom Jackson, Daniel Thompson entre autres). Il collabore aussi sur des projets plus fantasques avec des légendes comme Jello Biafra, Bryan Lewis Saunders, Alexei Borisov…
http://antonmobin.blogspot.com/

 

Colin Roche, Le livre des Nombres (performance)

Dans la vie d’un compositeur, c’est infime, le temps d’écriture par rapport au temps de la pensée. Je voulais trouver un moyen de le matérialiser. Après l’avoir réfléchi, j’ai construit un système qui fait que quand je suis à la table, tant que je n’écris pas de musique, mais que je la pense, j’écris le silence du fait de ne pas écrire de musique, qui est rapporté schématiquement à mon battement cardiaque, c’est-à-dire à ma présence à la table. Parce que le cœur est finalement très rattaché à ma présence physique, mais aussi à toutes les émotions qui peuvent me traverser.

Colin Roche est né en 1974. Pianiste de formation, diplômé de Sciences Po, il est aussi titulaire d’une maîtrise de Composition, d’un D.E.A. de Musicologie sur les rapports entre musique et politique, et de deux D.E.M. en Culture Musicale et Composition. Il a notamment été l’élève de Philippe Leroux, puis de Brian Ferneyhough et Luca Francesconi dans le cadre de la Session Voix Nouvelles de la fondation Royaumont en 2004. Il a été lauréat de l’Académie des Beaux-Arts en 2008, de la Fondation Beaumarchais en 2015, et a reçu le Prix Claude Arrieu de la SACEM en 2012. C’est dans le transdisciplinaire que Colin Roche creuse le plus souvent son sillon : le plasticien Simon Artignan, l’écrivain Sébastien Brebel, avec lesquels il travaille régulièrement, sont des partenaires artistiques de vie. Ses œuvres sont publiées par les Editions Jobert - Paris et Maison ONA – Paris.
http://www.colinroche.com/

 

Emmanuelle Bouyer, Ravissements lumineux, Activation 01 (installation)

La question des partitions comme une tentative d’épuiser en moi le retentissement du flux de la lumière, se déploie ici dans un dispositif spatial : depuis la captation des rayons solaires lors de la chasse de lumière saisie de rayons de soleil, état d’affût exigé, retranscrits en paillettes sur les transmetteurs transcriptions des saisies en paillettes sur plastiques transparents, jusqu’à l’apparition de ravissements lumineux apparitions furtives de lumière depuis les transmetteurs. La création sonore de Ludovic Picard, écrite pour une chasse d’ombres, renvoie à la saisie initiale de la chasse.

 Emmanuelle Bouyer  développe un travail sur la perception, l’apparition, le suspend ou plus précisément sur « l’apparaître » et « le disparaître », ce qu’elle appelle la « disparance ». L’artiste approche différents territoires, à l’intérieur desquels la relation à la lumière solaire, ou plus largement aux atmosphères et à leurs états insaisissables reste présente. Ses productions prennent différentes formes du dessin à la performance (chasse de lumières), à la vidéo, à l’installation. Architecte de formation, Emmanuelle est artiste et maître de conférence des écoles nationales supérieures d’architecture. Elle est co-directrice artistique du LEM, Laboratoire d’étude du mouvement, département scénographique de l’école Internationale de théatre Jacques Lecoq au sein duquel elle enseigne. Elle est représentée par under construction gallery, Paris.
http://www.underconstructiongallery.com/untitled