NOTE SUR LA NOTION DE « PARTITION »
commentaire

Dans le contexte de la composition et de l’interprétation musicale, la notion de « partition » ne fait pas véritablement problème, l’usage de ce mot renvoyant à un codex, c’est-à-dire à une forme d’écriture, sur un support approprié – un ou plusieurs feuillets reliés ensemble –, de signes ou de symboles représentant conventionnellement des objets ou des événements sonores – i. e. susceptibles d’être perçus par voie auditive. Cela veut dire que la plupart des humains qui ont été éduqués dans des civilisations dites « de l’écrit » ont une représentation de ce qu’est une partition musicale, par sa ressemblance avec un manuscrit ou un imprimé rédigé dans un langage qui organise des caractères en lexèmes, en phrases et en textes lisibles et ayant un sens en termes de communication entre eux.

Dans le contexte de la composition et de l’interprétation musicale, la notion de « partition » ne fait pas véritablement problème, l’usage de ce mot renvoyant à un codex, c’est-à-dire à une forme d’écriture, sur un support approprié – un ou plusieurs feuillets reliés ensemble –, de signes ou de symboles représentant conventionnellement des objets ou des événements sonores – i. e. susceptibles d’être perçus par voie auditive. Cela veut dire que la plupart des humains qui ont été éduqués dans des civilisations dites « de l’écrit » ont une représentation de ce qu’est une partition musicale, par sa ressemblance avec un manuscrit ou un imprimé rédigé dans un langage qui organise des caractères en lexèmes, en phrases et en textes lisibles et ayant un sens en termes de communication entre eux.

Concrètement, une partition musicale « monophonique » est structurée selon un axe temporel, une « ligne de temps » – une « portée » constituée de cinq lignes parallèles et horizontales dans le vocabulaire du solfège classique –, qui situe la succession dans la durée des événements sonores constitutifs de ce qu’il est convenu d’appeler une mélodie. Pour une musique « polyphonique », le compositeur superpose autant de portées que nécessaire pour représenter en ordre chronologique et synchronique les différentes voix, registres, instruments ou pupitres qui concourront à l’exécution de la pièce. Elle est donc la notation de l’ensemble des parties d’une composition musicale, l’axe vertical de cette disposition n’ayant pas, contrairement à l’axe temporel, de signification physique et, par conséquent, ne correspondant pas nécessairement à un caractère audible.

 

Mais la notion de « partition » ne s’applique pas seulement à la composition musicale, puisqu’elle est (ou a été) aussi en usage dans la physique, l’héraldique (blason), l’arithmétique, la botanique, la littérature (discours), la grammaire ancienne (vers, analyse), la logique (alternative ou dilemme), de même que pour évoquer une règle d’accordage des instruments. Il reste à mentionner ses emplois plus spécialisés, notamment par dérivation de ses significations dans la langue anglaise : partage d’un pays, d’un territoire en géographie ; partage d’un ensemble en parties non vides, disjointes deux à deux et dont la réunion reconstitue cet ensemble en mathématiques ; partage, subdivision logique d’un disque dur en informatique.

Par ailleurs, son étymologie serait latine : partitio (partage) ; partitionem, de partiri (partir, partager). L’idée de partage se conçoit aisément, ne serait-ce que par homophonie. L’idée de division peut également lui être associée, bien qu’elle ait déjà un caractère plus géométrique, ou arithmétique en mettant en jeu le nombre et un algorithme. Par contre, le verbe « partir » qui traduit le latin partiri est plus problématique : il faut, en débutant par la notion de « division », passer par celle de « séparation » pour parvenir à l’idée de mouvement, ou de commencement (du repos au mouvement).

Enfin, au faisceau des significations du terme « partition » liées à ses usages et aux différentes déviations qui résultent de son étymologie ou lorsqu’il fait office de radical (bipartition, répartition, (se) départir…), il faut ajouter une ultime complication qui est due à l’emploi du mot « partage », ou du verbe « partager », pour signifier le contraire d’une division ou d’un découpage, à savoir lorsque « l’objet » du partage n’est pas sécable : par exemple, lorsque nous disons « partager un sentiment », nous référons à quelque chose qui n’est précisément pas un objet.

 

Ces quelques considérations ouvrent la voie à des recherches assez diversifiées sur le thème de la partition et, en tout état de cause, justifient déjà le pluriel : « Partitions ». Ceci dit, si on se limitait à sa signification dans la composition musicale, l’idée de « notation » lui étant consubstantielle (cf. supra : notation de l’ensemble des parties…), ce titre se suffirait à lui-même. Mais si le projet veut explorer et étudier les usages élargis ou hétérodoxes de la notion de partition, alors il peut être utile de lui adjoindre ce second terme : « Partitions – Notations » ; ou « Partitions & Notations ». De plus, les représentations par symboles d’éléments qualifiés, de gestes instrumentaux ou même d’événements n’impliquant pas nécessairement que la nature et la syntaxe de ces notations renvoient à des significations précises et univoques, ce second terme ne limiterait en rien le champ des possibles.

Ainsi, John Cage a évoqué Étant donnés…, une œuvre de Marcel Duchamp qu’il avait vue exposée à Philadelphie, et pour laquelle ce dernier avait écrit un livre d’instructions de montage et de démontage : « je pense de plus en plus à Duchamp comme à un compositeur » (Entretien avec Daniel Caux, Paris, 26 janvier 1986). Poursuivant sa réflexion, il assimilait les « instructions » à une notation musicale, à une partition et, par suite, l’œuvre elle-même à une œuvre musicale. Ce seul exemple laisse entrevoir l’immense variété des partitions possibles, précédant ou succédant l’actualisation musicale, sur tout type de support et de média, et avec toute forme de notation. Cette approche permettrait par conséquent d’interroger le statut de nombreuses notations non conventionnelles.