DES TRUCS APOPHATIQUES ET À BRUIT SECRET
hors-norme

Retranscription par Clémentine Beaugrand de la conférence prononcée par Antoni Collot et entendue par l’auditoire assistant au Colloque sur le Bruit à l’École Nationale Supérieure Louis-Lumière le cinq décembre deux mille quatorze.

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Alors oui, euh, des trucs. Euh, alors des trucs, euh, des trucs. Euh. (Bruit d’une page tournée.) (Pause.) Alors des trucs c’est, c’est étymologiquement (coups frappés d’intensité moyenne : toc toc toc toc toc toc toc) des coups, euh, c’est des machins, des des choses indéterminées mais aussi c’est des trucs, c’est-à-dire des, des tours de passe-passe, des des, des choses pour euh (inspiration) pour avoir le public alors je, euh, je, je vais être un peu, dans s, enfin essayer de vous avoir un peu. Euh. Alors, euh, premier truc, c’est de vous raconter des histoires, alors des histoires performatives. La première histoire que je souhaite vous raconter c’est celle d’une performance dont je euh, ne fais aucun état, il n’existe pas d’image, pas de vidéo, une performance dont je suis l’auteur et qui a eu lieu à la Pentecôte. Chsais pas si, si (incompréhensible) la culture religieuse, la pentecôte c’est le mm-moment où, dans le catholicisme apostolique romain en tout cas, on fête euh, le le, un événement qui consiste à euh, voir l’esprit saint (pause), enfin descendre ? près des apôtres et donc à ce moment-là onn peut lire les évangiles dans différentes langues. Alors je me suis rendu dans unne église et je me suis proposé pour lire les évangiles en japonais (inspiration). (Rire émanant de l’auditoire.) Alors, y s trouve que ma maîtrise est très, faible, zdàdire je sais lire un des trois systèmes. Y a les hiraganas, les katakanas et les kanjis. Je sais lire celui que sait lire un enfant de trois-quatre ans, c’est-à-dire les hiraganas et donc j’ai lu les évangiles en ne lisant que les hiraganas, c’est-à-dire grosso modo lees hm zéléments de liaison, les terminaisons, et cetera (inspiration) mais en prenant un ton, suffisamment, euh, (pause) comme celui-ci, vous allez voir. Euh, donc là je vous nie lis les évangiles, Jean, par Nabokov, c’est Lolita, euh, mais peu importe, ce pourrait être tout autre chose puisque ça revient à peu près au même, puisque ce sont que des éléments de liaison et des terminaisons. Euh (rire émanant de l’auditoire) io, ii o rii ta nô, no na, nitsuite kutoi u, naa ni, torikaka kaa ra ke re, ta, taru, na dôga, nii sho, ni sho rii ru koto, ha. (Bruit des pages d’un livre refermé vivement.)Donc j’ai fait ça pendant une dizaine de minutes et et, je dois dire que que les les, lees, zadeptes de euh, la religion (début de rire nasal et soufflé émanant de l’auditoire) de de euh (inspiration) de la transsubstantiation étaient absolument ravis et m’ont chaleureusement (le rire nasal continue) remerciés, j’ai eu droit à des accolades et peut-être même, une bise (le rire s’intensifie en fou-rire discret). Euh. (Le rire s’arrête.) Alors bien sûr je suis un petit con et ce, ça relève d’une forme de de (inspiration) voilà de de, de bêtise, euh, mais donc c’est la première fois que je révèle cette euh (double raclement de gorge discret émanant de l’auditoire) ce ce, ce bruit-là, euh, (nouveau raclement de gorge discret) en tout cas qui quii, qui néanmoins n’était pas un bruit pour les auditeurs puisque il était de l’ordre de la parole révélée, pour eux j’ai lu la parole révélée et donc ces sons étaient de la parole révélée, et ça, ça m’intéresse beaucoup de ne, savoir que euh, en soi (début de bruits de faible intensité évoquant un crayonnage continu sur du papier) enfin euh lee, la réalité n’a d’autre sens que celle qu’on veut bien lui donner. (Large inspiration.) Euh, j’ai une petite phrase de, de Wittgenstein, à ce sujet, euh, une proposition mathématique dit toujours, ce que prouve sa preuve et (bruits évoquant un crayonnage) c’est précisément ce que j’entends par euh, l’expérience c’est-à-dire que l’expérience ne prouve toujours que ce que prouve sa preuve, c’est-à-dire qu’elle nee, elle n’est pas le fruit d’une adéquation avec un supposé réel, mais elle est autotélique, elle see, elle se justifie en elle-même et donc euh.Voilà. Alors autre performance que je vais relater en vous mettant une, vidéo (pause) (fin des bruits intermittents évoquant un crayonnage) ready-made. Je je, je suis assez fainéant donc euh je, voilà (inspiration), euh, tac. Peut-être ça marche comme ça ? (Longue pause.) Voilà c’est, c’est, comme pour vous distraire aussi. Euh, alors euh, c’est une euh vidéo ready-made mais qui s, qui va me permettre de, de vous narrer une autre performance (inspiration) qui a consisté à communiquer avec euh, Henri Michaux. Ah, c’est bien ça, la lumière qui descend. Euh, alors je vais enlever la barre de, tac. Voilà. (Inspiration.) Alors Henri Michaux est mort y a un certain temps vous savez, c’est un unn, poète surréaliste. Euh, le premier texte qu’il a écrit c’est en (chuchotement émanant de l’auditoire) mille neuf cent vingt-quatre et c’est enn Équateur (fin du chuchotement). Euh, et, dans ce texte, en fait il était en Équateur, c’est un journal de voyage et il s’ennuyait et il trouvait les équatoriennes particulièrement laides (inspiration tremblée) et euh, et et il ne voyait pas de moyen de, fuir, euh, les trajets sont assez longs et il s’est adressé à son lecteur du futur. En disant, lecteur et lectrice du futur, ne me laisse pas seul avec les morts. (Pause.) (Bref bruit de gorge évoquant un grincement de chaise.) Quand je serai mort, ne me laisse pas seul avec les morts comme, comme, un soldat dans les tranchées qui ne recevrait pas de lettres. Hum, je suis allé, avec mon associée, Clémentine Beaugrand, dont le travail qui est à l’extérieur sera, enfin, source d’une, communication tout à l’heure, euh, en Équateur et nous avons essayé de mettre la main sur un (pause, inspiration), chaman euh, mais un chaman syncrétique comme on en trouve en Amérique du Sud, c’est-à-dire un chaman qui qui, est teinté de christianisme et qui serait capable de nous permettre de de, de rentrer en communication avec Henri Michaux et d’accomplir sa demande de mille neuf cent vingt-quatre, de jeune homme qui, qui qui demandait de ne pas être laissé seul avec les morts. Ce que nous avons réussi à faire avec s donc l’homme qui s’appelle Daniel et qui et qui est le, l’auteur de cette vidéo que vous voyez et qui s’appelle Fantasmas en Ecuador. Euh, et donc il a pris rendez-vous avec Henri Michaux. Euh, pour nous. Euh, et, là vous les voyez. Alors là ça se passe précisément dans l’endroit oùù nous avons accompli cette euh (pause) cette rencontre. Donc j’ai communiqué nous avons communiqué avec Henri Michaux, euh, qui est apparu d’abord grâce à des sons, dont je passerai quelques enregistrements tout à l’heure. Euh, et le premier son qui a permis d’identifier Henri Michaux c’était le sson accent, c’est-à-dire qu’il parlait espagnol avec un accent bizarre et que le le, le chaman a identifié comme étant assez proche du nôtre, euh, voilà. Alors, euh, (rire soufflé émanant de l’auditoire) l’expérience était particulièrement intéressante, moins que ce film, mais, enfin très intéressante eet, Henri Michaux (le rire soufflé se transforme en deux éclats de rire de faible intensité) m’a touché, la cuisse gauche, pendant cette expérience. C’est-à-dire que j’ai senti une pression sur la cuisse gauche (inspiration tremblée). Euh, y s trouve que ça ne change strictement rien à mon scepticisme euh qui est qui est, tout à fait pyrrhonien, c’est-à-dire je ne crois pas en cette expérience, même si je l’ai sentie dans mon corps. Je, ça aussi me semble important, c’est-à-dire que le le, le paradigme de ma croyance est plus fort que l’expérience sensible. (Inspiration.) Euh, inversement me semble-t-il euh, le peu de de (borborygmes de très faible intensité émanant de l’auditoire) de force des expériences que peuvent avoir ces, ces chamans, qui lisent des des, des présences dans des sons de portes et cetera signe simplement leur euh système de croyance comme euh, comme lisible. C’est-à-dire que, grosso modo, une fois de plus l’expérience ne, prouve rien, hein. Toujours est-il que je me suis fait tripoter la cuisse par Henri Michaux. (Inspiration.) Euh. (Bref rire soufflé émanant de l’auditoire.) Que dire d’autre. Euh. Dans l’entrée de cette, euh, de cette école euh, euh en entrant vous avez dû entendre un bruit euh, euh qui ressemble à celui-ci, je vais vous en passer un extrait. (Longue pause.) (Chuchotement émanant de l’auditoire.) Hop. (Longue pause.)(Nouveau chuchotement émanant de l’auditoire.) (Diffusion sonore de faible intensité et d’une hauteur de cinq cent cinquante et un Hertz teintée d’un bruit de fond évoquant des voix : tiitititiitiititiitititiititiitiitiititititiitititiitiitiitiitititiititiititiititiitiitiititititiiti ; bruits parasites de très faible intensité.) Et non pas. Euh. (Longue pause.) (Diffusion sonore d’intensité moyenne évoquant les pleurs d’un enfant.) Euh, donc le le premier bruit, alors y s’agit de de de la, retranscription des cinq cent cinquante et un noms de Dieu dans les trois monothéismes, à la fréquence de cinq cent cinquéante et un Hertz. Donc c’est une pièce de Clémentine Beaugrand, euh (clic dental) qui contrevient à, à, un fondement de, des monothéismes c’est-à-dire tu n’invoqueras pas en vain le nom de Dieu. Ce qui est p-potentiellement, euh, aus aussi pertinent et intéressant dans cette pièce (inspiration) c’est que elle euh, n’est compréhensible qu’à partir du moment où on a connaissance de l’hypertexte euh, c’est-dire que (inspiration) s euh, c’est, (bruits de faible intensité évoquant des frottements près du microphone enregistrant la communication) le le morse c’est précisément là comme une forme de de, de langage euh, universel mais qui qui est aussi un langage euh, inaudible, incompréhensible, enfin sans sans, sans référent (inspiration) et euh et que c’est la synchronie aussi de l’ensemble des noms de Dieu qui euh qui, qui, (bruits intermittents de très faible intensité évoquant un crayonnage) peut-être, représente le nom de Dieu. C’est-à-dire que là où c’est euh, intéressant par exemple dans, dans le Coran c’est que euh, y en a quatre-vingt-dix-neuf, que aucun des noms de Dieu n’est vr le vrai nom de Dieu que mais que l’ensemble des noms de Dieu (pause) (bruits évoquant un crayonnage) est vraisemblablement le nom de Dieu. Euh c’est euh, c’est la même chose avec euh (bruits évoquant un crayonnage) enfin la même chose c’est un peu différent avec le, le judaïsme (bruits évoquant un crayonnage) où où y a un imprononçable du nom de Dieu, vous savez YHWH (bruits évoquant un crayonnage) n’est pas prononçable, je dois dire yod hé vav hé par exemple, c’est-à-dire prononcer les lettres plutôt que (inspiration) que le nom et encore, prononcer les lettres (bruits évoquant un crayonnage) est devenu, comme le référent est est trop, manifeste, on ne le prononce plus non plus, on peut dire « le nom que je ne prononce plus » mais même en hébreu la phrase « le nom que je ne prononce, que je n’ai pas le droit de prononcer » n’est plus prononçable parce que elle se réfère trop directement à YHWH c’est-à-dire que il faut renouveler, c’est-à-dire qu’on, f f faut (pause), mieux vaut dire chou-fleur pour parler de YHWH ou euh (rire bref émanant de l’auditoire) ou machine à coudre que euh (clic dental), que (pause) (clic dental) que YHWH. Voilà. Et donc euh, là il est question de de tous ces, de tous ces noms qui sont, qui sont simultanément prononcés. Alors, c’est une pièce qui a déjà été, présentée, entre autres dans un couvent dominicain euh, le couvent du Saulchoir qui se trouve à une cinquantaine kilom de kilomètres du, au sud de Paris, à côté d’Évry, euh à Étiolles précisément. Et euh, alors euh, au moment de sa présentation euh, (bruits parasites de forte intensité : clacacaa clacacaa cla) kriouououirr au moment de sa présentation (rire émanant de l’auditoire) les les ordinateurs du du couvent du Ssaulchoir et ainsi que le, laaa, les téléphones sont tombés en panne euh, ce qui a créé une sorte de situation paranoïaque, auprès des, du personnel du de, de cet ancien couvent dominicain. (Inspiration.) Même chose hein, je vous laisse euh, paranoïer, euh à votre euh, à votre guise. Euh, alors le le, la, mon intervention est censée traiter de, À bruit secret de Marcel Duchamp. (Pause.) Alors qu’est-ce que c’est qu’À bruit secret. Euh, À bruit secret c’est un (inspiration) une, pièce euh, un ready-made modifié, que Duchamp réalise à la Pâque de mille neuf cent seize. Euh, et, qu’il réalise de manière assez simple, en prenant une bobine, de fil, deux plaques de métal, quatre euh vis et demandant à la personne qui le loge à ce moment-là, c’est-à-dire Walter Arensberg, qui est un poète et collectionneur new-yorkais, en tout cas, de euh d’introduire, un objet – Duchamp dira en cinquante-quatre dans une interview euh, une pièce ou un diamant (pause) l’un ou l’autre ou tout autre chose – un objet qui euh, fait du son. Alors euh, qui fait du bruit. À bruit secret ou à bruit caché, en anglais. Euh, alors moi cette euh, cette pièce, j j j’essaie de la penser, d’abord ce bruit je ne l’ai jamais entendu, pas plus que quiconque ici puisque la pièce, on ne peut pas la t toucher (inspiration) euh, donc elle eeest (bruits évoquant un crayonnage) elle est stable, euh, donc c’est un bruit qui n’existe que dans le titre euh, euh, c’est une sorte de secret manifeste. Euh enfin. Et, euh. Alors j’essaie de la, de la penser (bruit de pages tournées) et puis je me suis rendu compte que que mille neuf cent seize euh, donc euh, d’abord lui n’est pas dans les tranchées, euh, eet contrairement à un de ses meilleurs amis dont il a été question juste avant qui s’appelle Apollinaire, et je me suis interrogé sur les les, les questions de date. Alors euh (pause) le le, la Pâque euh dix-neuf cent seize c’est le vingt-quatre avril, Apollinaire il est blessé à la tête le dix-sept mars. Euh, et il est trépané le dix mai. (Pause.) Alors euh, une trépanation euh, chhj moi jch’ai j’ai connu quelqu’un trépané, c’est-à-dire il s’agit de faire un trou et puis ensuite de de mettre une plaque de métal euh, enfin, voilà, que l’on visse dans la tête (inspiration) donc ma, ma question c’était celle-ci, c’est-à-dire est-ce que Duchamp avait connaissance de la future trépanation de son, de un de ses meilleurs amis au moment où il a réalisé À bruit secret. (Inspiration.) Euh, hypothèse qui n’a jamais étéé énoncée, qui relève, purement d’une sorte de de, de pensée paranoïaque aussi de, de ma part mais dont il est question ici. (Bruit de très faible intensité évoquant un échantillon en huit bits : tutitout.) Euh. (Plic de forte intensité similaire au bruit émis par la touche volume d’un Macintosh ; manipulations diverses de très faible intensité.) Touc. (Diffusion sonore de très forte intensité évoquant une voix ; plic plic plic plic plic plic plic rapprochés d’intensité moyenne similaires au bruit émis par la touche volume d’un Macintosh ; la diffusion sonore a décru en intensité, évoque maintenant le bruit de fond d’un lieu public peu fréquenté, quelques bruits de voix.) Euhm, alors aussi j fais un lien très très, zévident entre euh la pièce de Duchamp euh, et puis d’autres expériences euh (pause) comme euh (pause) des expériences de pensée, comme le chat de Schrödinger (bruits de très faible intensité évoquant un crayonnage) euh, qui consiste aussi à (inspiration) envisager ce qui s ce qui peut se passer dans un un, un espace (pause) tenu euh, secret en tout cas, caché, mais aussi une expérience de pensée de, d’Hilary Putnam qui s’appelle euh, A Brain in a Vat, un, un cerveau dans une cuve – vous connaissez peut-être – qui qui est une expérience de pensée bien plus récente puisqu’elle date de quatre-vingt-un (pause) qui consiste à imaginer (inspiration) euh, et ben imaginons. Euh, ce soir, en rentrant chez vous, vous allez être vous allez vous endormir et puis là un un, mm, un scientifique vous enlève et prend votre cerveau et le plonge (clic dental) dans une substance euh, votre corps est laissé de côté, seul le cerveau est mis dans une substance reliée à un ordinateur très puissant qui va vous produire, au réveil, les mêmes impulsions euh électriques que vous produit votre quotidien, c’est-à-dire manger un croissant, boire un café, aller se promener et cetera. C’est-à-dire que, vous pensez euh, vivre, normalement, alors que vous êtes euh, votre cerveau est pris dans un ordinateur. Euh, et la question est : comment, savoir, si oui ou non je suis dans l’ordinateur, enfin mon cerveau est pris dans l’ordinateur ou dans le vrai monde. Bien entendu il n’y a pas de, de (inspiration) de, de réponse euh. Et et, je vois vraiment un, un grand lien entre ces expériences, le, le lien c’est celui des états superposés. (Pause.) Euh, c’est-à-dire que euh, contrairement à, une, des, données fondamentales de la pensée occidentale qui nous vient euh, d’Aristote, qui, qui nous dit, grosso modo (bruit de pages tournées) je, vais vous lire un extrait, qui est le principe de non-contradiction, hein dans le livre KDe La Métaphysique. Aristote l’énonce ainsi : il n’est pas possible que la même chose en un seul et même temps soit et ne soit pas. (Pause.) Voilà. Donc on est fondé sur un principe de non-contradiction et moi je pense que euh, Duchamp, en bon pyrrhonien, c’est-à-dire adepte de de, euh de Pyrrhon, des sceptiques (inspiration) et et, on sait depuis peu que euh, Pyrrhon ça fait partie des auteurs qu’il a lu à la bibliothèque Sainte-GenevièveSCHWARZ, Arturo. 2000. The Complete Works of Marcel Duchamp. New-York : Delano Greenidge Editions. P. 33 (Nonobstant, insigne détail, que Pyrrhon n’écrivît pas une ligne : CONCHE Marcel. 1994. Pyrrhon ou l’apparence. Paris : Presses Universitaires de France.) euh et euh, alors, en bon pyrrhonien, en bon sceptique, il remet en cause le principe de contradiction en proposant une pièce dans laquelle y a des états superposés. C’est-à-dire que, c’est à la fois, silencieux et bruyant (les bruits évoquant un crayonnage reprennent) que, c’est à la fois, pièce et diamant, euh et, comme le chat, quelques années plus tard – puisque le chat de Schröndinger, c’est trente-cinq – est à la fois vivant, et mort euh, et, voilà. Et c’est ce que je pense de de la question du u du bruit, c’est-à-dire que euh, il a été beaucoup question ici de savoir si (inspiration) euh, à partir du moment où le bruit devenait un signal euh, désiré il continuait à être bruit. Je pense simplement que, il est, à la fois bruit et signal et donc y a cette superposition des, de ces deux états et euh, pour preuve (pause) euh (bruits de touches d’ordinateur) touc. (Longue pause ; bruit de faible intensité évoquant un crayonnage répété dix-neuf fois.) La voix d’Henri Michaux. (Pause ; plic amplifié similaire au bruit émis par la touche volume d’un Macintosh ; le bruit évoquant un crayonnage continue ; chuchotements émanant de l’auditoire.) Voilà. (Diffusion sonore de très forte intensité au timbre synthétique : plo-plo plom ; chuchotements émanant de l’auditoire.) Je vous la repasse ? (Rires émanant de l’auditoire ; chuchotements émanant de l’auditoire ; pause.) (Plo-plo plom.) (Plo-plo plom.) (Bref rire soufflé émanant de l’auditoire.) (Plo-plo plom.) (Plo-plo plom.) (Plo-plo plom.) (Plo-plo plom.) Merci. (Rires émanant de l’auditoire ; applaudissements.) (Gérard Pelé remercie Antoni.)

Prononcé par : Antoni Collot

Entendu par : l’auditoire assistant au Colloque sur le Bruit à l’École Nationale Supérieure Louis Lumière le cinq décembre deux mille quatorze.

Transcrit par : Clémentine Beaugrand