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vidéo

Revenant sur le titre R, R de ruido (bruit en français) et R de Ramón, nous travaillons sur la figure de cet artiste espagnol en récupérant ses études sur le bruit et le son. En tenant compte des inévitables pertes dans n’importe quel processus de traduction, nous jouons avec ce concept et celui de la translation pour changer le scénario dans lequel le R de ruido devient le B de bruit, alors que le prénom du personnage reste le même.

Le style de Gómez de la Serna, performer avant la lettre, nous donne la clé pour trouver les bordereaux à la fois formels et sémantiques que chacune des deux langues, Français et Espagnol, nous apporte.

Accentuant la théâtralité implicite dans n’importe quel discours de vérité, nous construisons une vidéo où l’apparente neutralité des conventions est modulée et, parfois, forcée jusqu’à l'extrême et la contradiction. Ce dispositif de transfert, de redondance et de répétition provoque des interférences, des bruits et des perturbations qui permettent la mise au jour de l’esprit humoristique du discours de Ramón Gómez de la Serna dans notre époque contemporaine. Nous utilisons un script de différents motifs, à la fois gestuel et musical, pour composer un glossaire d’actions qui nous permettent de jouer avec la signification et l’expression sonore de son discours.

Ramón Gómez de la Serna a été un auteur clé pour comprendre l’avant-garde espagnole du début du XXe siècle, tant dans ledomaine de la littérature que dans celui de l’art. Il a été un écrivain prolifique et on peut leconsidérer comme le premier performer espagnol au sens où l'on entend la « performance » aujourd’hui . Il a été toujours en contact avec la France. Il a habité à Paris, dans la même période que des artistes espagnols comme Picasso ou Miró, et il a traduit de nombreux écrivains français, comme Nerval ou Victor Hugo, entre autres. Même s’il devient particulièrement influent de nos jours dans les pratiques artistiques contemporaines, vu sa créativité débordante et son énergie généreusement élargie à des multiples facettes artistiques, son œuvre n’a pas été fréquemment réinterprétée.

Ainsi notre vidéo, faite en cinq loops ou boucles, devient un hommage à Ramón Gómez de la Serna, au bruit paradoxal – a la fois invisible et colorée – de son œuvre. À travers l’échange culturel, social et linguistique de cette nouvelle rencontre, nous explorons notre propre mise en scène devant un nouvel auditoire, différent de celui de Ramón.