CHANTIER 2
audio

Ces notes ont été montées par BG à partir des enregistrements de la table-ronde ayant réunit PB-BG-ELC, Célio Paillard et David Christoffel qui s’est tenue à l’occasion du colloque BRUITS le 4 décembre 2014 à la Cité du cinéma à la Plaine Saint Denis.

Trois séquences vidéo tournées par Christian Barani lors d’une séance de travail sur le chantier de la Philharmonie de Paris en septembre 2013, ont tout d’abord été diffusées pour ouvrir la table-ronde.

Depuis 2010, Pascal Battus, Bertrand Gauguet et Eric La Casa travaillent ensemble à la production d'une musique qui improvise un rapport avec un contexte spécifique : celui du chantier, dans ce qu'il a de plus quotidien et de plus improbable. Vouloir intervenir sur un chantier signifie, pour nous, concevoir un dispositif d'attention à partir duquel l'ensemble de ce qui se passe constitue le milieu de notre intervention. En d'autres termes, bien plus qu'une ambiance (ou un décor sonore) pour musicien, le chantier devient l'espace-temps à partir duquel la musique devient possible et se structure.

 

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Parcourir/écouter un chantier, une architecture en construction, un « site processus ».

Considérer nos instruments comme des outils avec lesquels il serait possible de mesurer ou de tester l'espace acoustique du site.

Quelles relations avec les personnes qui travaillent sur le chantier ?

Se confronter à cette réalité.

Produire de l’expérience.

Capitaliser des sensations.

 

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Un chantier est un contexte instable, un milieu changeant en permanence, avec des règles strictes de sécurité, un milieu de vie qui possède une autonomie en soi. On y trouve très souvent une grande tension.

Notre présence n'altère que très partiellement la vie du chantier.

Son autonomie nous permet d’opter pour d'autres niveaux d'écoute et d’autres modes de jeu.

 

 

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Plusieurs modes d'interactions sont donc envisageables.

Différentes attitudes pour nous positionner dans son espace acoustique comme le « jeu discret » et nous fondre dans l'environnement.

Produire une ambiguïté acoustique sans intention de musicaliser le site.

 

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Quels types d'échanges avec les travailleurs du chantier ?

Soit nous essayons de construire une relation avec les ouvriers, soit nous n’essayons pas.

Si les ouvriers sont la plupart du temps conciliants, ils restent très souvent indifférents à notre présence. Alors, comment se négocie-t-elle, cette présence ?

Les interactions peuvent être aussi bien imperceptibles que perceptibles.

Le souvenir de cet ouvrier d’origine turque qui, nous écoutant, nous fit entendre de la musique traditionnelle de son pays à travers son téléphone.

La nature de cette rencontre reste à préciser.

 

 

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L'écoute est musicale, ou non musicale.

Le contexte modifie le processus de production du son (et de la musique) qui est improvisé.

Comportements sonores particuliers, progressions sonores dans l'espace et dans le temps, intensité des niveaux, perceptions déplacées d’événements et de phénomènes acoustiques.

En quoi la confrontation à ces espaces de bruits modifie-t-elle la musique ?

Sortir d'une intention musicale quand bien même nous nous fixons des durées pour jouer.

Ce n'est plus seulement de la musique – ce n'est plus une simple prise de son.

Produire des rapports entre nous trois et l’environnement du chantier.

La question de la mise en scène ou pas de l’enregistrement de terrain se pose autant que pour l’ethnomusicologue qui choisit, ou non, de mettre en scène l’objet de son archive sonore.

L’expérience In situ et la production de documents sonores construisent une mémoire sensible, intuitive et empirique du chantier.

 

 

À écouter : 

CHANTIER 1

Pascal Battus : rotating surfaces

Bertrand Gauguet : Amplified alto & soprano saxophones

Eric La Casa : microphones

Another Timbre. AT55. 2012

Distribution : Metamkine